Un sous-sol sans moisissures ni dégât d’eau
03 juil. 2020Allixia Blouin et Eric David viennent d’acheter leur toute première maison, à Dorval. Celle-ci, construite en 1953, vient avec son lot de défis. Les rénovations nécessaires sont majeures. Loin de se décourager, ils ont fait beaucoup de recherches en ligne pour s’assurer de prendre de bonnes décisions. La qualité de l’air et l’absence de moisissures sont au cœur de leurs préoccupations, puisque Allixia souffre d’asthme.
Le couple porte une attention particulière au sous-sol. La jeune femme, orthophoniste, compte y aménager un bureau. Elle veut respirer un air sain. Elle désire aussi s’assurer que ses filières ne soient pas endommagées par un dégât d’eau ou une inondation.
« Mes parents habitent à Pointe-Claire, en face du chemin du Bord-du-Lac, explique la jeune femme. C’est très beau, mais lors de deux ou trois inondations, on a perdu des livres, des photos et des objets avec une valeur sentimentale. On ne veut pas vivre cela. »
Leurs recherches les ont notamment menés sur le site d’Écohabitation, riche en conseils pour rénover une maison et la rendre plus saine et plus écolo. Ils y ont remarqué un nouveau produit, la lisse ventilée Teksill, qui s’installe sous les « 2 X 4 » dans le sous-sol et permet de protéger les murs, en cas d’infiltration d’eau. Puis ils l’ont vue bien en évidence, vidéo à l’appui, dans une quincaillerie. Un employé a achevé de les convaincre. Ils ont décidé de faire installer le produit de plastique recyclé et recyclable à la base de leurs murs, dans leur sous-sol.
« Il faut prendre des décisions en tenant compte qu’Allixia est asthmatique, souligne Eric. Il faut une bonne qualité de l’air dans le sous-sol. »
« Nous sommes rassurés, renchérit sa conjointe. Nos enfants futurs risquent aussi d’être asthmatiques, puisque c’est héréditaire. »
Un autre élément a séduit Eric David : le produit a été créé et est fabriqué au Québec. « L’achat local, cela me parle beaucoup », précise-t-il.
Une innovation québécoise
« Cela a l’air simple, mais je travaille là-dessus depuis plusieurs années, explique-t-il. Cela va révolutionner comment on bâtit les sous-sols. Les gens vont arrêter de dépenser de l’argent pour arracher les murs, quand il y a des inondations. »
Son produit s’installe aisément sous les structures des murs en « 2 X 4 » et les surélèvent de trois quarts de pouce, les empêchant de toucher au plancher de béton, précise-t-il.
La lisse facilite l’écoulement de l’eau et la circulation de l’air, s’il y a un dégât d’eau. On ne la voit pas. Elle est cachée par la plinthe. Mais elle est prête à protéger. Le bois et la surface murale demeurent secs.
Pour perfectionner son produit, le président de Teksill Solutions a profité de l’expertise du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ), puis a soumis ses prototypes à des tests au Centre de technologie minérale et de plasturgie, à Thetford Mines. Un cinquième investisseur s’est ensuite joint à l’entreprise : François Morin, président des Industries Rondi, qui fabrique une vaste gamme de produits en plastique dans son usine à Pointe-aux-Trembles. Il met à contribution son circuit de production et de distribution.
« Des essais avaient été faits pour prouver la performance du produit, qui était breveté et avait une application directe, indique l’homme d’affaires. Quand j’ai été approché, c’était un produit d’actualité, parce qu’il y avait eu d’importantes inondations au Québec. Ce produit a une utilité certaine. Comme ce n’est pas une copie, son utilisation est inconnue. Il y a une éducation à faire pour qu’il soit accepté. Quand on est entrepreneur, on prend des risques. Je n’ai jamais eu peur des défis. »
La lisse ventilée Teksill est l’un des neuf produits qui portent le sceau Innovation 2020, décerné par l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT). « Les produits sélectionnés doivent répondre à un besoin, être de conception québécoise, être fabriqués ou du moins assemblés au Québec et apporter quelque chose de nouveau sur le marché », indique Isabelle Champagne, directrice des communications et du marketing de l’organisme.
Emmanuel Cosgrove, fondateur et directeur général d’Écohabitation, aurait aimé en avoir eu l’idée. Au-delà de l’utilité de la lisse de plastique en cas d’inondation, il retient son rôle capital pour empêcher la création de moisissures.
« Beaucoup de gens, lorsqu’ils rénovent leur sous-sol, ne vont pas jusqu’à poser une pellicule pare-vapeur de polyéthylène sur la dalle de béton existante, déplore-t-il. Ils montent des murs et accrochent des montants de bois directement sur le béton. Ils ne sont alors pas à l’abri du mouvement d’eau à travers le ciment. On recommande toujours de soulever tout élément de bois, qui est un matériau organique, de façon à ce qu’il ne touche pas au béton froid et humide. On conseillait avant de mettre des petits blocs de styromousse, mais ce n’est pas l’idéal. »
La lisse ventilée Teksill est selon lui une belle découverte. « Pour un sous-sol sain, précise-t-il, je ne m’en passerais pas. »