Maisons shoebox: Rosemont adopte le règlement dans son ensemble!
27 mars 2019C’est chose faite: l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie a adopté son règlement dans son ensemble pour les 561 maisons de type shoebox, près de deux mois après que des propriétaires aient demandé qu’un registre soit ouvert pour la tenue d’un vote.
Le 11 février dernier, lors d’un conseil d’arrondissement, l’adoption de quelques articles du règlement avait été remise en question par des résidants; dans 39 des 118 zones touchées, ceux-ci avaient pétitionné pour pouvoir se prononcer sur certains articles de la nouvelle réglementation, dont le nombre de logements permis ou la hauteur de nouvelles constructions.
Ces articles ont été adoptés dans les zones concernées le 27 mars, puisqu’un nombre insuffisant d’électeurs ont fait part de leur volonté de participer à un référendum dans chacune des 39 zones.
Dorénavant, «le nombre de logements autorisé sur un site où se trouve une maison shoebox sera de 1 à 3 logements, tout dépendant de sa caractérisation», conclut un document municipal. «Pour un bâtiment de valeur architecturale 1 et 2, le nombre de logements maximum est de 3. Pour un bâtiment de valeur architecturale 3, un seul logement est autorisé», ajoute-t-on.
La hauteur de nouvelles construction devra quant à elle être régulée «par règle d’insertion». Autrement dit, la hauteur «en mètres et en étages d’un bâtiment» ne devra pas excéder pas celle de la maison adjacente la plus haute qui est «conforme aux limites».
De plus, pour autoriser la démolition d’une maison shoebox, le comité d’évaluation de l’arrondissement «devra dorénavant évaluer l’importance de la maison visée […] par rapport à l’ensemble des maisons shoebox de l’arrondissement, ainsi que l’intérêt architectural de la façade et de ses composantes», ajoutent les documents de Rosemont–La Petite-Patrie.
«Aujourd’hui, c’est l’ensemble des shoebox qui sont désormais protégées contre la spéculation foncière, leur altération et leur disparition», a lâché le maire de l’arrondissement François William Croteau mercredi. D’après lui, ce nouveau cadre d’intervention «clair et opérable» permettra aux propriétaires et aux professionnels de pouvoir «comprendre les attentes de l’arrondissement envers leur projet».
L’arrondissement dit avoir répertorié et caractérisé l’ensemble des 561 maisons concernées, en plus d’avoir consulté le Conseil du patrimoine et entendu des «dizaines de propriétaires».
Des propriétaires insatisfaits
Dans un billet publié mercredi par le Montréalais Wilfried Cordeau, plusieurs propriétaires de maisons shoebox se disent encore insatisfaits du règlement dans son état actuel.
«Depuis le début, les propriétaires demandaient un dialogue avec les élus ainsi qu’un débat de fond sur la préservation du patrimoine modeste, et jusqu’à la fin, cela ne leur aura pas été accordé. L’exercice des registres, en fin de compte, n’avait plus aucune valeur aux yeux des propriétaires dès le moment où il ne visait plus que quelques articles au lieu de l’ensemble du projet de règlement», y martèle la propriétaire d’une shoebox dans le district Saint-Édouard, Solen Poirier.
Idem pour Valérie M. Vidal, une propriétaire du district Étienne-Desmarteau, qui plaide que «les shoebox sont disséminées sur un territoire immense, découpé en zones d’inégale superficie et d’inégale densité».
«Pour de nombreux propriétaires, il était déraisonnable de demander à des travailleurs et à des familles de se déplacer à la mairie pour signer un registre sur des morceaux de règlement désincarnés.» -Valérie M. Vidal, soulignant qu’une révision du règlement serait de nouveau nécessaire.
De son côté, même s’il reconnaît que l’arrondissement «a créé une communauté d’intérêts autour de la valorisation du patrimoine», le propriétaire d’une shoebox dans le secteur Marconi-Alexandra, Carlos Costa, estime que «la nouvelle réglementation est finalement loin de marquer la fin de notre mobilisation» «Pour les prochaines années, nous devrons rester alertes aux nouvelles politiques touchant notre type de maisons, mais aussi pour faire reconnaître nos besoins particuliers», détaille-t-il.
«Toute cette saga nous a permis de mieux comprendre les enjeux réglementaires et les processus, mais également de constater d’importantes lacunes dans la gouvernance municipale», conclut Wilfried Cordeau dans son billet, qui est lui-même propriétaire du district Saint-Édouard.