La rue Ontario se piétonnise à l’image d’un « beer garden »
06 août 2020Bancs et tables modulables, brumisateurs interactifs, îlots de détente, marquage au sol : au tour de la rue Ontario d’amorcer officiellement sa piétonnisation à Montréal. Le tronçon situé entre Darling et Pie-IX, dans Hochelaga-Maisonneuve, subit depuis quelques jours une importante transformation pour aider les commerçants à passer à travers la crise.
« On a créé toute une série d’aménagements le long de la rue, un peu à l’image d’un beer garden », confie le directeur de la création chez Signature Design, Vincent Clarizio, qui dirige le projet avec trois autres entreprises, soit NIPpaysage, Paprika et ATOMIC3. La Ville, par l’entremise de son Service du développement économique, a dépensé 85 000 $ dans ce projet. L’arrondissement, lui, a injecté une somme de 340 000 $.
Le fait que l’ensemble des installations soient modulables laisse beaucoup de liberté, selon M. Clarizio. « Selon les demandes des commerçants, on est en mesure de réaménager certains éléments. Ça nous permet de s’adapter rapidement en fonction de leurs besoins », illustre l’homme d’affaires.
Un coup de pouce bien accueilli
Pour le designer, le constat est clair : cette nouvelle façon d’aménager la rue servira bien les commerçants et les résidants du quartier. Comme sur l’avenue du Mont-Royal, des vitrines de locaux vacants ont d’ailleurs été redécorées pour « donner un peu de couleur et de vie » à cette artère passante.
On voit de plus en plus de commerces qui sortent leurs terrasses. C’est une motivation de plus pour eux de voir qu’on s’implique pour les aider. Les gens se réapproprient cet espace normalement dédié à la voiture.
Vincent Clarizio, de Signature Design
Antoine Ormandy, propriétaire du resto-bar Blind Pig de la rue Ontario, est lui aussi catégorique à cet égard. « Pour nous, la piétonnisation, c’est littéralement la différence entre une possible faillite et un bel été. Habituellement, tout ce qu’on veut faire génère beaucoup de lourdeur administrative, mais là, ç’a été allégement sur allégement. Pouvoir installer des tables à l’extérieur, ç’a eu un impact immense », note-t-il.
C’est en 10 jours à peine que le comité d’aménagement – qui était soutenu pour la première fois par le Bureau de design de la Ville – a installé ces nouveaux aménagements. « On est arrivés sur le terrain le 20 juillet. C’est un exploit pour nous », lance M. Clarizio. S’il ignore combien de temps son mobilier restera dans la rue Ontario, il espère que sa vie utile sera prolongée. « On nous a demandé que ce soit facilement réutilisable pour la suite. Moi, je ne voulais pas créer quelque chose d’éphémère, qu’on jettera à la poubelle dans un mois », dit-il.
Pour le conseiller du district d’Hochelaga Éric Alan Caldwell, il était urgent de « donner de l’espace aux gens sur la rue Ontario », pour que celle-ci redevienne le « cœur de quartier » qu’elle a toujours été. « Cela dit, on est très conscients du contexte de pandémie. Tout est pensé pour suivre les consignes sanitaires », assure-t-il. L’animation culturelle, par exemple, sera déambulatoire pour éviter les rassemblements.