En pleine crise du logement, l’industrie de la construction est au point mort
19 juin 2023La crise du logement n'est pas à la veille de se résorber au Québec, du moins à en croire les données publiées jeudi par l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).
On vient de connaître le pire mois de mai en plus de 25 ans, lâche son directeur économique, Paul Cardinal, en entrevue au téléphone. Le bulletin de l'habitation de l'APCHQ montre que les mises en chantier sont en chute libre partout au Québec. C'est une baisse de 62 % pour l'ensemble de la province, le mois dernier, par rapport à mai 2022.
À Montréal seulement, cette chute atteint 73 %. À peine 800 chantiers ont été lancés en mai sur l'île, alors qu'à pareille date en 2022, on en dénombrait tout près de 3000.
Mais la métropole est loin d'être la seule. Toutes les régions métropolitaines de la province ont connu un mois de mai désolant, selon l'APCHQ.
Les causes de ce ralentissement évoquées par M. Cardinal sont les suspects habituels : la hausse des taux d'intérêt, l'explosion du coût des matériaux et la pénurie de main-d'œuvre sur les chantiers. Une litanie, toute comptable qu'elle soit, qui a des impacts concrets dans les rues des villes, au moment où, dans toutes les régions du Québec, les locataires s'arrachent les derniers logements abordables disponibles.
« Le promoteur qui avait planifié son projet, si le coût de financement explose, il a deux possibilités : soit il augmente les loyers, soit il garde le projet dans ses cartons et il attend que les taux [d'intérêt] se normalisent pour que le projet redevienne rentable. »
Or, Paul Cardinal l'admet, le marché n'est pas capable de prendre des loyers plus chers en ce moment.
Pendant ce temps, les municipalités échafaudent leur plan pour venir en aide à ceux qui n'arriveront pas à se trouver un logement à temps pour le 1er juillet.
Une ritournelle que les employés du service de référence de l'Office municipal d'habitation de Montréal (OMHM) commencent à bien connaître. On accompagne les ménages mal logés ou dans le besoin depuis 14 ans, mais je vous dirais que les quatre dernières années ont été particulièrement intenses, a dit Vincent Brossard, directeur de la gestion des demandes, des logements abordables et des suppléments au loyer à l'OMHM, lors d'un point de presse jeudi.
M. Brossard était accompagné du responsable de l’habitation et de la stratégie immobilière au comité exécutif de la Ville de Montréal, Benoit Dorais, et du maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais. Ils ont présenté ensemble la stratégie de Montréal pour aider les locataires dans le besoin.
« Ceux qui n'ont pas de logement, n'attendez pas d'être collés au 1er juillet. On peut vous aider. »
Est-ce qu'on est prêts? La réponse, c'est oui, a lancé Benoit Dorais. Il a exhorté tous ceux qui vivent de l'angoisse à l'approche du 1er juillet de composer le 311. Il y a un paquet de gens qui vont être là pour vous et qui vont vous diriger vers les bonnes ressources.
Le filet mis en place par la Ville et par l'OMHM a été testé et éprouvé. Chaque année, des ménages sont pris en charge, logés temporairement à l'hôtel, leurs biens déménagés et entreposés, le temps de se trouver un nouveau toit. Des agents de l'OMHM les aident dans la recherche d'un logement décent et abordable.
La plupart de ces logements sont rendus abordables grâce au programme de supplément au loyer, qui permet à des ménages de payer seulement 25 % de leur revenu pour se loger, le reste étant absorbé par le gouvernement.