Devenir propriétaire d’une maison à tout... prix?
11 avr. 2019Nombreux sont les jeunes couples qui voudraient s’acheter une maison lorsqu’ils décident de fonder une famille. Mais font-ils vraiment le bon choix en voulant devenir propriétaires à tout prix ?
Les dernières enquêtes sur l’immobilier sont claires : les intentions d’achat sont encore très élevées chez les 18-34 ans. En fait, c’est 46 % d’entre eux qui ont l’intention d’acquérir une propriété d’ici cinq ans, selon un sondage réalisé à l’automne dernier pour le compte de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec et de la Fédération des chambres immobilières du Québec.
Aspirant à ce qu’elle estime être une meilleure qualité de vie, une bonne part de la génération des milléniaux croit en effet en l’importance d’accéder à la propriété. Mais est-ce la meilleure option à considérer ?
Des erreurs courantes
Dans un monde idéal, nos revenus devraient nous permettre de réaliser tous nos projets : acquérir une maison, voyager, mettre de l’argent de côté pour la retraite, etc. Mais la réalité est bien différente et l’on doit se résoudre à faire des choix.
« Dans les faits, les ressources sont limitées, alors que nos besoins sont illimités ! » souligne Jean-Pierre Bétie, conseiller en sécurité financière de l’Équipe Jean-Maurice Vézina. Il cite en exemple le cas d’une personne qui, à quelques années de la retraite, avait fini de payer sa maison, mais n’avait pas mis un sou de côté pour ses vieux jours.
« Elle a dû mettre les bouchées doubles et elle a littéralement arrêté de vivre pour pouvoir cotiser de grosses sommes à ses REER. De cette façon, elle a réussi à placer 196 000 $ en sept ans. La valeur de son portefeuille est maintenant de 226 000 $. En revanche, si dès l’âge de 30 ans elle avait versé 466 $ par mois dans son régime d’épargne retraite – de façon à économiser le même montant –, aujourd’hui, elle aurait accumulé 338 000 $ avec le même rendement ; une différence de 112 000 $ », explique le conseiller.
Il ajoute qu’acquérir une maison fait énormément appel aux émotions, ce qui n’aide pas à prendre des décisions rationnelles...
Ainsi, on peut être tenté d’acheter une propriété trop chère pour notre budget, sans prendre en compte les conséquences que cela aura sur notre existence. « Par exemple, on devra renoncer aux sorties au restaurant, aux loisirs, aux voyages, car l’essentiel de nos ressources financières sera consacré aux paiements de l’hypothèque », prévient Jean-Pierre Bétie.
Autre erreur : ne pas considérer dans ses calculs tous les autres frais reliés à l’acquisition d’une propriété : la taxe de mutation (la fameuse taxe de « bienvenue »), les honoraires du notaire, le coût des rénovations, de déménagement, d’entretien, les taxes municipales, etc. Attention, la facture grimpe vite !
Plan d’action
Gardez les pieds sur terre en commençant par évaluer le coût de la propriété que vous pouvez vraiment vous permettre, compte tenu de vos revenus. Ensuite, calculez la différence entre ce que vous coûterait un loyer mensuel et un remboursement hypothécaire, et ajoutez-y toutes les dépenses reliées à l’acquisition de la propriété (taxes de mutation et municipales, notaire, rénovations, etc.). Enfin, économisez la somme nécessaire avant même d’acheter la propriété convoitée. C’est aussi la meilleure façon de vérifier si vous serez capable de vivre avec ce budget, une fois devenu propriétaire. Si vous êtes trop serré, réfléchissez à des alternatives.
« Bien sûr, plusieurs jeunes familles souhaiteraient posséder une maison unifamiliale avec un terrain. Mais si on ne peut se le permettre financièrement, un logement loué situé en face d’un parc peut constituer une option intéressante, en attendant d’avoir les moyens », suggère Jean-Pierre Bétie.
CONSEILS
- Devenir propriétaire ne devrait pas compromettre votre capacité à économiser pour votre retraite ni à mettre de côté un coussin de sécurité pour faire face aux imprévus, une perte d’emploi par exemple.
- Pour constituer votre mise de fonds, le Régime d’accession à la propriété (RAP) vous permet de prélever 25 000 $ dans vos REER, puis de les rembourser progressivement en 15 ans. Mais rappelez-vous que ce faisant, vous perdrez le rendement que vous auriez obtenu durant les 15 années où ces sommes auraient pu fructifier dans votre REER.
- L’espérance de vie grimpe sans cesse. Être propriétaire ne vous consolera pas si vous devez vivre pendant 25 ans sous le seuil de la pauvreté.