Analyse: euphorie immobilière
13 oct. 2020L’engouement pour l’immobilier résidentiel ne se dément pas, l’« effet pandémie » brouillant les repères traditionnels liés à la démographie et à la vigueur du marché du travail.
Les nouvelles statistiques publiées mercredi confirment l’effet euphorique engendré par la pandémie sur le marché du logement. Dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal, les ventes résidentielles conclues au cours de septembre ont bondi de 42 % par rapport à septembre 2019, un record historique pour cette période de l’année, soutient l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). Au cumul depuis le début de l’année, comparativement à la période correspondante de 2019, ce marché « a récupéré toutes les transactions perdues au début du printemps en raison des mesures de confinement ».
À Québec, les ventes ont progressé de 72 % en septembre dans un marché où le nombre de vendeurs a chuté fortement, comme en témoigne le recul de 37 % des inscriptions, provoquant une hausse de 9 % du prix médian.
Le déséquilibre entre l’offre et la demande se fait persistant. Ainsi, le nombre de propriétés à vendre dans le système Centris était en baisse de 16 % par rapport à un an plus tôt.
42%
C’est l’augmentation des ventes résidentielles conclues au cours de septembre, par rapport à 2019, un record historique pour cette période de l’année, selon l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec.
Ce faisant, dans la grande région de Montréal, « avec un délai moyen de 46 jours seulement pour vendre une propriété, un nouveau record historique vient d’être battu pour cette période de l’année, ce qui traduit des conditions de marché extrêmement tendues en faveur des vendeurs », ajoute l’APCIQ. Sans oublier les nombreux cas de surenchère. Et cela vaut même « pour les propriétés moins désirables en temps normal ».
Consommation freinée
Dans une étude consacrée au logement neuf publiée lundi, Statistique Canada rappelle pourtant que le prix des logements a généralement tendance à baisser en temps de crise, les ménages freinant leurs achats importants en période d’incertitude. « Toutefois, au cours des six premiers mois de la pandémie actuelle, le prix des maisons neuves a augmenté à mesure que les Canadiens s’adaptaient à la nouvelle réalité qui consiste à travailler et à rester à la maison. »
Les prix dans la construction neuve reflètent également une hausse des coûts de construction provoquée par la crise sanitaire et l’impact des taux d’intérêt maintenus à leurs bas historiques.
L’impact se fait donc sentir sur le plan géographique, avec un déplacement de la demande vers les banlieues. Dans les données de l’APCIQ pour le Grand Montréal, « la périphérie nord mène le bal avec les secteurs de la Rive-Nord et de Laval qui enregistrent des hausses d’activité spectaculaires de 61 % et 59 %, respectivement ». De l’autre côté, « Saint-Jean-sur-Richelieu (+49 %) et la Rive-Sud (+43 %) témoignent eux aussi d’une activité exceptionnelle ».
Et il s’observe également sur le type de propriété. Toujours dans le Grand Montréal, l’unifamiliale continue d’afficher la plus forte progression, avec un bond de 47 % des ventes, alors que celles des plex sont en hausse de 27 %. Pour leur part, les ventes de copropriétés ont augmenté de 39 % par rapport à septembre 2019. Mais l’APCIQ observe « une hausse très importante des inscriptions en vigueur des copropriétés sur l’île de Montréal », soit de 41 %, qui « contraste avec les autres secteurs géographiques de la RMR de Montréal, notamment vis-à-vis de la catégorie unifamiliale ».
L’effet s’est mesuré sur la valeur des propriétés. Le prix médian des maisons unifamiliales affichait une progression de 21 % par rapport à septembre 2019, à 430 000 $, alors que celle pour les copropriétés et les plex était de 10 %, à 318 000 $ et 610 000 $ respectivement.
Statistique Canada l’a bien illustré : la COVID-19 fait ressortir l’importance d’une maison. « Puisque les gens passent maintenant plus de temps à la maison, la demande pour des maisons plus grandes, offrant plus d’espace pour un bureau à domicile, l’apprentissage à distance ou l’hébergement de membres de la famille élargie, s’est accrue. […] Le trajet domicile-travail est devenu un facteur moins déterminant dans le choix de l’endroit où acheter, alimentant l’intérêt pour des maisons de banlieue moins dispendieuses. »